"Pas de filles, plus de concentration" : en Vendée, un collège privé pour garçons fustigé par plusieurs associations

L'entrée de l'établissement scolaire © Aucun(e) - Capture d'écran / Google maps

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Plusieurs associations et syndicats interpellent les pouvoirs publics et pointent l'institution l'Espérance, établissement scolaire privé catholique du bocage Vendéen, situé à Sainte-Cécile. Bien que les classes aillent de la maternelle au lycée, l'entrée au collège n'est réservée qu'aux garçons.

C'est un établissement scolaire qui prône la non-mixité. L'institution L'Espérance, école catholique privée nichée dans le bocage vendéen à Sainte-Cécile, entre Chantonnay et les Essarts-en-Bocage, est dans le viseur de plusieurs associations et syndicats. Cette dernière, bien qu'elle soit mixte pour les classes de primaire, n'est réservée qu'aux garçons dès l'entrée en classe cinquième au collège. L'observatoire vendéen de la laïcité fustige notamment le fait que l'établissement, sous contrat avec l'État, reçoive des subventions publiques.

Un établissement sous contrat depuis les années 60

C'est au milieu de la campagne que se trouve l'établissement scolaire. Il faut s'enfoncer au bout d'une route pour voir l'entrée de l'école, située au bout d'une allée. Le lieu est entouré de huit hectares de verdures. Ici sont scolarisés près de 200 élèves. La moitié d'entre eux, quasiment, dorment à l'internat à l'année. Le port de l'uniforme est obligatoire : pantalon ou bermuda bleu, polo blanc et pull vert brodé avec le nom de l'institution. Sur le site internet de l'école, on peut lire que la pratique du rugby est encouragée, et que l’aumônerie est assurée par les prêtres de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre.

L'école, fondée en 1960, "était un établissement de luxe, destiné à un public qui avait des moyens importants", décrit le directeur, Yann de Cacqueray. "Immédiatement après, il a été mis sous contrat, l'ensemble des classes est sous contrat". Un contrat avec l'État : enseignants payés par le rectorat, subventions versées par les collectivités… Ce que fustigent certaines organisations syndicales et associatives.

La non-mixité, permet aux garçons "le développement de toutes leurs facultés"

Bien que sur le site internet, l'école stipule que la non-mixité s'applique dès l'entrée en sixième, le directeur de l'établissement, Yann de Cacqueray, affirme que c'est plutôt en classe de cinquième. Sur cette même page, on peut lire que ce principe "évite aux garçons d’autres préoccupations que leurs études et permet le développement de toutes leurs facultés. Elle favorise en outre le développement de l’esprit de camaraderie et facilite les amitiés vraies et durables", peut-on lire.

Yann de Cacqueray ajoute, "à partir du moment où il n'y a pas de filles, les garçons sont beaucoup moins en représentation, et je pense que ça leur donne une liberté importante d'être ce qu'ils sont vraiment". Ce dernier avance aussi un autre argument qui en découle : celui de la réussite scolaire. "On a un niveau en France qui est catastrophique, il faut regarder la vérité en face. Je ne pense pas que ce soit en faisant la même chose pour tout le monde que l'on va arriver à quelque chose". D'après lui, il faut aussi conserver la liberté de proposer aux parents un enseignement non-mixte.

"On ne parle pas des mêmes choses entre garçons et filles"

Chez les élèves, le principe semble faire l'unanimité. Briac, 17 ans, en classe de terminale, est scolarisé à L'Espérance depuis qu'il est en sixième. En non-mixité donc depuis plusieurs années. "Quand on commence à grandir, c'est bien de rester concentré sur notre boulot et de ne pas partir dans des déconcentrations extérieures. Les filles, on peut les voir le soir".

Son camarade François-Xavier développe :"On ne parle pas des mêmes choses entre garçons et filles. Je pense que c'est important de garder des collèges et lycées en non-mixité, pour avoir cette cohésion et cet esprit".

Un système "archaïque" et "dangeureux", pour certaines associations

Pourtant, au regard de plusieurs associations, à l'instar de l'Observatoire vendéen de la laïcité, le collège réservé qu'aux garçons est "une atteinte aux valeurs de la République", avance Jean Burneleau, le co-président de la structure. Dans un premier temps, il note le manque d'établissements publics gratuits en Vendée. Notamment dans la zone de Sainte-Cécile, les collèges publics les plus proches sont aux Essarts-en-Bocage ou à Chantonnay. "Cette anomalie incite les écoles privées à penser que tout leur est permis", dénonce-t-il.

Il fustige un système "archaïque" et "dangereux", "une atteinte aux valeurs de la République". Ce dernier reconnaît que ces établissements ont le droit d'enseigner comme ils le souhaitent. "Mais nous, ce que nous ne voulons pas, c'est que ces établissements soient financés par de l'argent public, puisqu'ils sont, à notre avis, contraires aux lois de la République". Avec son association, plusieurs courriers ont été adressés : au rectorat notamment, ainsi qu'au gouvernement. Toujours pas de réponse. Inquiet, Jean Burneleau conclut : "C'est dangereux pour la société, c'est ce qui conduit aux pires déviations. Ce genre de méthodes est celle de tous les intégrismes. Le principe de l'égalité homme-femme fait partie de la laïcité, et là, ce n'est pas respecté".

Sollicité par ICI Loire Océan, le Département de Vendée, qui a donc à sa charge les collèges, n'a pas souhaité donner suite à une demande d'interview. En guise de réponse, le Département affirme par écrit, "conformément à la loi Falloux et au Code de l’Éducation, nous accompagnons l’établissement scolaire de L’Espérance à Sainte-Cécile comme tous les autres collèges vendéens sous contrats".

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